Aujourd'hui, c'est Thierry Berlanda qui est à l'honneur sur le blog. J'ai découvert l'auteur grâce à son roman "L"insigne du boiteux".
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Isa: Bonjour Thierry, tout d’abord, je tiens à vous remercier
d’accepter de répondre à cette interview. Avant de parler de votre roman et de
vos projets, nous allons parler un peu de vous. Pourriez-vous vous présenter en
quelques mots à nos lecteurs ?
Je suis
un type qui ne sait qu’écrire. J’y passe donc mon temps : j’écris des
romans, un tous les deux ans à peu près, explorant tous les genres ; j’écris
aussi de la philosophie, ce qui me donne l’occasion de donner des conférences
dans des cadres officiels et prestigieux où, à ma grande surprise et à mon
grand amusement, on me convie parfois (l’Université de Louvain, les Ateliers de
la Société Française de Philosophie, qui se tiennent à l’Ecole Normale Supérieure,
le Collège International de Philosophie) ; j’écris enfin des chansons,
mais là encore je le fais en « sauvage », sans me soumettre à aucun
ordre extérieur et n’écoutant que ce qu’il est convenu d’appeler l’inspiration.
J’ai par ailleurs un métier à la fois alimentaire et intéressant, qui me
procure un certain confort, chance que beaucoup de créateurs n’ont pas.
Isa: D’où vous est venue cette envie d’écrire ?
Disons
que depuis l’enfance, comme sans doute tous les gens dans mon cas, je me sens
détenteur d’une sorte de pouvoir spécial. Je ne suis pas un X.Men et il y a
plein de choses pour lesquelles je ne suis vraiment pas très doué. Mais je
sais, et c’est un privilège incroyable, que jamais personne au monde n’a écrit
ni n’écrira comme moi. Cela ne signifie pas que je prétende être le plus grand
ou le meilleur écrivain : cela n’aurait d’ailleurs vraiment aucun sens.
Non, quand je dis « comme moi », c’est dans le sens de « à ma
façon ». Franchement, que voulez-vous qu’il arrive de plus fantastique à
quelqu’un : savoir qu’il est le seul à savoir faire ce qu’il fait et comme
il le fait ? Alors pour « l’envie d’écrire », disons que quand
vous avez un pouvoir, vous avez nécessairement envie de l’exercer. Je ne
connais pas de types doués pour l’escalade et qui ne seraient pas tentés par
l’alpinisme.
Isa: Avez-vous un genre de littérature, un auteur et un roman
de prédilection ?
Je lis
très peu de thrillers, contrairement à ce que mon dernier opus pourrait laisser
penser. Je lis surtout de la philosophie, et plus particulièrement les textes du
phénoménologue Michel Henry, un penseur des plus importants. Son œuvre commence
à être mieux connue : j’y contribue autant que je le peux. Je lis aussi
les poètes, de Rutebeuf ou François Villon, jusqu’à Yves Bonnefoy ou Robert
Empain, en passant par Hugo, Rimbaud, Baudelaire ou d’autres moins connus.
Quant aux romans, je place Dostoïevski au dessus de tout, même si ma dévotion
n’est pas exclusive. Mon roman de prédilection est de lui : Crime et châtiment et, à égalité, Les frères Karamazov.
Isa: Je vous ai connu grâce à « L’insigne du
boiteux » qui n’est pas votre premier roman. Pourriez-vous nous parler un
peu de vos précédents ouvrages et nous raconter votre parcours ?
J’écris
depuis l’âge de 7 ou 8 ans. J’ai commencé par de petites histoires d’animaux,
en deux ou trois feuillets. Puis, passionné d’histoire antique et de mythologie
grecque et romaine, entre 12 et 14 ans (voyez un peu le maboul !) j’ai
écrit une histoire romaine puis une sorte de remake de la Guerre de Troie. A
partir de cette époque, je me suis mis à écrire en moyenne un roman tous les
deux ans : policier, historique, psychologique, d’anticipation ou relevant
de plusieurs genres à la fois. En revanche, fidèle à ma ligne personnelle et
orgueilleux comme pas deux, j’ai fait si peu de démarches vers les éditeurs que
je n’avais jamais été édité avant 2006, puis plus récemment aux Presses
Universitaires de Louvain (les Actes d’un congrès de philosophie), et enfin chez
La Bourdonnaye, pour l’Insigne du boiteux.
Ce fut une rencontre très heureuse, notamment avec Laurent Bettoni, le
directeur littéraire. Avec Benoit de la Bourdonnaye aussi, le courant passe
très bien. Le rêve, non ?
Isa: Et pour « L’insigne du boiteux », pourriez-vous
nous expliquer votre parcours et d’où vous sont venues les idées ?
Je crois
que c’est une référence au mythe de l’enfant trouvé, tel que l’explore Marthe
Robert dans En haine du roman, son
bouquin sur Flaubert. Vous savez, ces enfants qui se sentent mal dans leur
milieu, quel qu’il soit d’ailleurs, et qui s’inventent une ascendance
princière… J’ai trouvé que c’était un bon ressort romanesque, alors je me suis
mis au travail.
Isa: Et si vous deviez vous identifier à un personnage de
« L’insigne du boiteux », lequel serait-ce ?
Un
personnage secondaire : Paul, l’ex de Jeanne Lumet. Mais il n’est pas tout
à fait moi, et moi je suis aussi un peu dans tous les autres. Même dans Léo, le
fils de Jeanne. En revanche, je vous rassure, je n’ai rien en commun avec le
Prince… C’est sans doute pour cela que je n’ai pas eu trop de mal à le mettre en
scène.
Isa: Maintenant que nous avons parlé de vous et de votre
roman, pourriez-vous un peu nous parler de vos futurs projets ?
Je viens
d’écrire une nouvelle pour le recueil Pentatracks, que La Bourdonnaye s’apprête
à publier en collaboration avec Shut
Up and Play The Books. Je travaille en ce moment à une série pour la collection
Pulp (La Bourdonnaye encore) et à mettre en forme, en vue de sa prochaine
publication, une leçon de séminaire que j’ai donnée la semaine dernière au
Lycée Henri IV. A l’automne, je pense me mettre à écrire le second volet d’une
trilogie d’anticipation dont le premier est déjà rédigé. Et puis sans doute, dans
douze à dix-huit mois, écrirai-je un second volet de «l’Insigne », car je
sens que je pourrais emmener mes personnages encore plus loin. On s’attache,
que voulez-vous !
Isa: A part l’écriture, avez-vous d’autres passions dans la
vie ?
A vrai
dire, j’ai bien sûr une passion pour certaines personnes qui me sont très
proches, mais je ne suis ni sportif, ni chasseur, ni amateur de corridas, ni
collectionneur de papillons ou de quoi que ce soit d’autre. J’écris, j’écris et
j’écris. Et même quand je ne rédige pas, j’écris quand même… comme je respire.
Isa: Pour continuer, je vous donne l’opportunité de donner
envie aux lecteurs qui ne vous connaissent pas de découvrir votre bouquin.
C’est à vous de jouer pour un petit instant pub.
Vous
aimez avoir peur mais n’avez pas peur d’aimer ? Alors venez visiter les
sous-sols de l’âme humaine. En compagnie de Jeanne Lumet et de deux autres
enquêteurs pas forcément blanc bleu, vous chercherez à y débusquer une des
engeances meurtrières les plus sinistres depuis Gilles de Rais.
Isa: Pour terminer vous prêteriez-vous au jeu de
réaliser un petit portrait chinois réalisé par mes soins ? J’adore ce genre de jeux…
Dites-nous qui vous
seriez, si vous étiez :
- Un personnage de BD ? Mandrake
- Un poète ? Rimbaud
- Un personnage de dessin animé ? Dimitri, dans Anastasia
- Un chanteur ? Bob Dylan
- Une chanson? Ballad of thin man
- Un film ? Le sacrifice de Tarkovski
- Une série ? Chapeau melon et bottes de cuir
- Un animal ? Un aigle (pas pour la rapacité, mais pour pouvoir voler haut)
- Un endroit ? La place Saint Georges, à Paris
Isa: Je vous remercie d’avoir pris le temps de répondre à ces
questions.
C’est à
moi de vous remercier, Isabelle. Pour un écrivain, vous êtes une sorte de fée.
Isa: Merci pour ce joli compliment qui me va droit au cœur, d'autant plus que la fée est mon personnage fantastique préféré.
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